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		 Ce fut le soir de ce 
		Jour-là 
		Qu’icelle Cour on régala 
		De plusieurs splendeurs nonpareilles 
		Et des surprenantes merveilles, 
		D’un Ballet si rare et si beau, 
		Et dont le genre est si nouveau, 
		Que Spectateurs et Spectatrices 
		Admirèrent ses artifices. 
		Un Théâtre des mieux 
		orné 
		Que mon œil ait jamais lorgné, 
		Roulant sur les fortes échines 
		De plus de cent douze Machines, 
		Lesquelles on ne voyait pas, 
		S’étant avancé de cent pas, 
		On ouït, soudain, l’harmonie 
		D’une Angélique symphonie 
		De douces Voix et d’instruments ; 
		Et durant ces divins moments, 
		On admirait sur des montagnes 
		Diane et ses chastes Compagnes, 
		(Avec des arcs, flèches, ou traits) 
		Ayant d’adorables attraits, 
		Et dont, tout de bon, quelques-unes, 
		Tant blondines, que claires-brunes, 
		Charmaient cent cœurs, en moins de rien, 
		Sans, même, en excepter le mien. 
		 
		Diane, non pas la première, 
		Mais, des Cieux seconde lumière, 
		Ayant sur son front ravissant 
		Un riche et lumineux croissant, 
		Était, illec, représentée 
		Par Madame, alors, escortée 
		De dix des Belles de la Cour, 
		Qui sont autant d’Astres d’amour. 
		 
		Si tôt que les Récits cessèrent, 
		Ces Aimables Nymphes dansèrent 
		Avec des habits précieux, 
		Qui donnaient bien moins dans les yeux 
		Que mille grâces naturelles 
		Qu’on voyait éclater en elles. 
		 
		Le Roi parut, soudain après, 
		Sous la figure de Cerès ; 
		Puis il fit, sous autre visage, 
		D’un beau Printemps le Personnage, 
		Et dans l’une et l’autre action, 
		Sa belle disposition 
		Parut, non seulement Royale, 
		Mais, certainement, sans égale. 
		 
		Monsieur, d’habits d’or éclatants, 
		Un Vendangeur représentant, 
		D’un bel air, suivant la cadence, 
		Fit admirer aussi sa danse. 
		 
		Monsieur le Duc, pareillement,14 
		Fit paraître tant d’agrément, 
		Qu’on prisa fort de Son Altesse, 
		Les pas, l’adresse et la justesse. 
		 
		On demeura, même, d’accord, 
		Que Monsieur le Duc de Beaufort, 
		Compris dans ce Royal spectacle, 
		Faisant l’Apollon à miracle, 
		Et dansant avec les neufs Sœurs, 
		Parut un des meilleurs Danseurs. 
		 
		Bref, les autres Seigneurs de marque 
		Qu’avait choisis notre Monarque, 
		Et ceux de moindre qualité, 
		Sans que pas un d’eux soit flatté, 
		Comme on les tient, en cas de danse, 
		Des mieux entendus de la France, 
		Chacun d’eux, en ce beau Talent, 
		Parut, tout à fait, excellent. 
		 
		Enfin, les neufs Muses célestes, 
		Mignonnes, gracieuses, lestes, 
		Ravissants les cœurs et les yeux,15 
		Par leurs pas concertés des mieux,16 
		Et Jules Du Pin avec Elle, 
		Qui de l’Amour portait les ailes, 
		Finirent agréablement 
		Ce rare Divertissement, 
		Que Saint-Aignan, illustre Comte, 
		Dont la France cent biens raconte, 
		A très agréablement inventé 
		Par ordre de Sa Majesté. 
		 
		De toutes les choses susdites, 
		Par moi trop faiblement écrites, 
		Je vis le fond et le tréfond, 
		Grâces au généreux Beaumont, 
		Écuyer de la Reine-Mère, 
		Gentilhomme brave et sincère, 
		Qui, vers moi, débonnaire et franc, 
		Me plaça sur son propre banc, 
		Parmi de fort nobles Personnes, 
		Et, même, assez près des Couronnes. 
		 
		Du susdit Ballet que je vis, 
		On saura, par forme d’avis, 
		Que les Airs sont du Sieur Baptiste, 
		Qui d’Orphée est un vrai copiste ; 
		Que Benserade a fait les Vers, 
		Auteur prisé dans l’Univers ; 
		Et que Mademoiselle Hilaire 
		Dont la voix a le ton de plaire, 
		Et le sieur Le Gros, mêmement, 
		Y chantèrent divinement : 
		Mais pour en savoir davantage 
		Que je n’en dis dans cet Ouvrage 
		Écrit à la hâte et sans art, 
		Voyez l’Imprimé de Balard, 
		Qui n’a rien que de véritable 
		Et qu’on vend à prix raisonnable. 
		 
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